Lutte contre les violences sexuelles : « les corps des femmes continuent d’être utilisés comme champs de bataille dans des zones de conflits en RDC » (Tatiana Mukanire)

Promulguée en juin 2015 par l’Organisation des Nations Unies (ONU), la journée dédiée à la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes (surtout dans les zones de conflits) est commémorée le 19 juin de chaque année.

En RDC, cette journée est consacrée aux victimes de ces « actes barbares », à travers certains mouvements œuvrant dans la lutte des violences sexuelles et des violences basées sur le genre en général.

A cette occasion, la rédaction de Kivu5.net est allée à la rencontre de Tatiana Mukanire du Mouvement National des Survivantes de violences Sexuelles en RDC, et membre du réseau mondial SEMA et Eliane Polepole de l’Association des Femmes de Médias (AFEM/Sud-Kivu).

Pour ces deux femmes, malgré la promulgation de la loi fixant les principes fondamentaux relatifs à la protection et à la réparation des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des victimes de crimes contre la Paix du 26 Décembre 2022, ce fléau reste récurrent au Sud-Kivu.

« Le viol est un crime grave contre la paix et malheureusement nombreuses sont les femmes qui en sont victimes surtout dans des zones de conflits.la journée du 19 juin est une manière d’accompagner les victimes des violences sexuelles tout en espérant qu’elles obtiennent justice » A déclaré Tatiana Mukanire.

Elle poursuit en disant que « dans des zones de conflits, les corps des femmes sont utilisés comme champs de bataille et certaines actions sont entreprises sans tenir compte de leurs besoins »

Pour elle, la mise en place du mécanisme de cocréation qui consiste à mettre au centre du processus, du projet l’implication des victimes dans la création jusqu’à la réalisation est nécessaire pour leur prise en charge car l’on sait de quoi la victime a besoin.

Cependant, elle parle d’un constat alarmant « il y a absence d’une base des données ». Le constant reste alarmant à cause de cette situation.

Malgré cette pratique dans des zones en conflits, ces femmes n’obtiennent pas justice, et les bourreaux vivent en liberté.

« Le gouvernement congolais n’a pas encore mis en place des mécanismes pour assurer la prise en charge des victimes. Les auteurs de ces actes barbares sont parfois promus et occupent des postes de responsabilités. » Rappelle-t-elle.

Eliane Polepole de l’Association des Femmes des Médias

Pour Eliane Polepole, il est difficile de donner un chiffre « exacte » sur bilan des femmes violées chaque année.

«Sur 275 cas de violences des droits humains, les violences basées sur le genre, les violences sexuelles au Sud-Kivu, 104 cas de violences domestiques ont été recensés à Minova, à Bukavu, Luvungi, a Nyangezi, a Walungu et a Sange » A renchéri Tatiana Mukanire.

En tant qu’organisation de défense et de promotion de droits des femmes, AFEM demande aux autorités de bien vouloir s’activer pour l’application des lois promulguées, car plusieurs victimes attendent des réparations.

« Le viol est un crime contre la paix et il n’y aura jamais de paix sans justice » Ont-t-elles conclu.

Il sied de noter que ces femmes militantes appellent l’implication des organisations œuvrant dans les droits de femmes dans la vulgarisation des lois sur les différentes violences faites à la femme. Elles appellent également le gouvernement à la mise en place des mécanismes pour assurer la prise en charge des victimes.

Par Irène Mulindwa

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