Goma : La garde républicaine se défend « On nous a dit que les Wazalendo sont des supplétifs des M23 et RDF »!
En République Démocratique du Congo 6 militaires de la garde républicaine parmi lesquels 2 officiers supérieurs sont à la barre depuis mardi le 5 septembre 2023. Ils poursuivis notamment pour crime contre l’humanité par meurtre, destruction d’armement, et incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir ou à la discipline. Après d’intenses discussions sur la forme de la procédure de flagrance optée par la cour militaire du Nord-Kivu, vendredi la cour a débuté l’instruction du dossier au fond avec notamment l’audition des témoins et renseignants.
Entendu comme renseignant du ministère public, le directeur des renseignements de la 34ème région militaire le colonel Franck Utunda a directement chargé la garde républicaine d’avoir tiré sur des adeptes non armés selon lui, alors qu’il tentait de les convaincre à désigner leurs quatre représentants pour aller déposer leur mémo à qui de droit.
«Alors que nous étions sur le point de nous convenir avec les manifestants, le colonel Mike est venu me dire d’arrêter de leur parler. Il m’a dit que les manifestants risquent de me tuer et que je devrais me retirer car une demi heure des pourparlers suffit pour une population de Goma dont la colère n’est pas souvent maîtrisable», a déclaré le colonel Frank à la barre.
Le directeur des renseignements militaires de la 34ème région militaire ajoute que la garde républicaine l’a aussitôt désarmé avant de tirer sur la centaine des personnes qui manifestaient contre 5 d’entre eux tués auparavant vers 4h.
«J’étais là, nous avons compté 42 morts et 33 blessés sur place. Même les 4 personnes qui étaient désignées pour apporter le mémo ont été tuées aussi, leurs corps sont à la morgue. Lorsque je discutais avec les manifestants, ils étaient non armés. Plus tard dans la journée, la garde républicaine m’a apporté 12 armes et m’a dit qu’elle les avait retrouvées lors des fouilles au temple de la secte Wazalendo. J’ai dit aux militaires de la garde républicaine de me faire un rapport de circonstance qui approuve que ces armes ont été retrouvées chez les Wazalendo, ils n’ont jamais fait ce rapport jusqu’à ce jour» ajoute le colonel Frank.
En réaction, le principal accusé le colonel Mike Mikombe, commandant de la garde républicaine au Nord-Kivu dit avoir été informé par la 34ème région militaire que ceux qui prévoyaient la marche étaient des supplétifs du M23 et RDF qui voulaient s’emparer de la ville de Goma.
«Notre rôle était la dissuasion pour éviter les troubles sécuritaires dans une ville en état de siège et menacée par la rébellion. Raison pour laquelle nous nous sommes retrouvés là sur ordre du commandement de la 34ème région militaire qui nous avait déjà fait croire à travers sa lettre, que la sécurité de la patrie était en danger», a dit le prévenu, colonel Mike Mikombe, commandant de la garde républicaine au Nord-Kivu devant la barre.
S’il s’avère que l’ordre est venu du commandement de la zone opérationnelle de l’état de siège, des défenseurs des droits humains présents estiment que les renseignements militaires devraient alors prouver ces informations transmises par courrier à la garde républicaine selon lesquelles les adeptes de la secte Wazalendo étaient des supplétifs du M23 et les militaires rwandais RDF. Les défenseurs des droits humains se demandent si au stade actuel, demander le départ de la Monusco et de l’EAC veut dire tout simplement devenir supplétif de la rébellion du M23 ou des RDF?
Par la Rédaction