RDC-M23 : Le Sud-Kivu croit qu’une mobilisation populaire s’impose !
Alors que la mission onusienne en RDC Monusco venait de quitter son camp de Rumangabo après l’avancée des rebelles du M23 sur les lignes des fronts, des milliers d’habitants du Sud-Kivu ont manifesté leur colère mercredi dans les villes, cités et villages contre la guerre dans l’Est du Congo. Ils croient que le Sud-Kivu n’est pas à l’abri de l’insécurité au Nord-Kivu voisin, et ont fustigé ce qu’ils appellent la trahison de la communauté internationale.
A Bukavu par exemple, la mobilisation était générale. Des manifestants venus des différents coins de la ville se sont retrouvés à la place dite feu rouge pour converger ensemble vers le gouvernorat du Sud-Kivu, calicots et petits messages en mains. Certains d’entre eux avaient des photos du président russe Vladimir Poutine et des textes lui demandant de venir aider le Congo à rétablir sa dignité. Les manifestants ont encouragé l’armée congolaise dans la défense du territoire national, d’autres se sont dit prêts à une courte formation militaire pour le besoin de la cause.
«J’ai accepté de laisser mon bébé de deux mois à la maison pour venir participer à cette manifestation car je suis vraiment en colère ! Que les M23 se retirent d’eux-mêmes car même nous les femmes, sommes prêtes à porter les armes. Je suis prête à porter la tenue militaire et une arme pour libérer notre pays!», s’est exprimé Cibalonza Luhiriri, une ménagère visiblement en colère.
Dans un memorandum déposé au gouvernorat du Sud-Kivu la société civile exige la fermeture des frontières de la RDC avec le Rwanda et l’Ouganda. Elle s’oppose à l’envoie des forces de la communauté d’Afrique de l’Est en RDC, et à toute idée de négociations avec les M23. Pour cette structure citoyenne, le Rwanda et l’Ouganda devraient d’abord accepter de négocier avec leurs rebelles des FDLR et ADF-Nalu au lieu de continuer à insister sur des négociations entre la RDC et les M23.
«Si notre président le fait malgré le désaccord des congolais, que cela soit considéré comme un acte de haute trahison de sa part … La résistance populaire s’impose!», a déclaré Adrien Zawadi, président du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu.
Aussi, la société civile du Sud-Kivu demande aux Nations Unies une position ferme, claire, et sans hypocrisie dit-elle, vis-à-vis du Rwanda, et de l’Ouganda.
«Nous interpellons les pays qui soutiennent depuis des décennies les attitudes belliqueuses de Kagame et de Museveni : Les États-Unis, la Grande Bretagne, la France et les autres. L’histoire les tiendra pour responsables de tous les crimes imprescriptibles dont sont victimes les congolais… On ne décidera plus sur le Congo sans nous les congolais!», martèle le président de la société civile du Sud-Kivu.
Notez qu’après la remise du mémo au gouvernorat du Sud-Kivu, certains manifestants ont tenté de se diriger vers les frontières de Ruzizi 1 et 2 entre la RDC et le Rwanda mais ils ont été dispersés par des gaz lacrymogènes lancés par la police. En colère, ils ont arraché les drapeaux de l’Union Européenne, et de la France devant le bâtiment de l’Institut français de Bukavu, et les ont brûlés non loin de la cathédrale de Bukavu. Après cet incident la situation est redevenue calme quelques minutes après.
Par Mitima Delachance