Sud-Kivu, le maire de Bukavu dans les viseurs de la Société civile. (vendredi 7 avril 2017)

C’est depuis plusieurs années maintenant que Philemon Yogolelo dirige la ville de Bukavu. Un maire calme, élégant, presque le seul qui a eu la chance parmi tous les maires que Bukavu a connu, d’avoir trop d’invitations de l’étranger pour nouer des relations et entretenir des jumelages avec d’autres cieux. Philémon Yogolelo a eu aussi l’occasion de faire entendre sa voix dans la sous région des grands-lacs africains, dans le cadre de  l’association internationale des maires francophones, AIMF. Cependant, sa façon de gérer la ville ne semble pas convaincre plus d’un bukavien. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les domaines qui sont sous la gestion de la mairie pour se faire une idée et répondre à la question de savoir si Bukavu est gérée ou non. Tenez ! La dégradation de la voirie urbaine de Bukavu laisse à désirer. Les routes sont jonchées des nids de poules dans toutes les trois communes que compte la ville. Suffit d’entrer en RDC à partir du Rwanda voisin pour vous rendre compte. Depuis les frontières de Ruzizi 1 et 2 dans la commune d’Ibanda jusqu’à Kazingo Kazingo dans la commune de Bagira en passant par Nguba, route du cimetière de la Ruzizi, Nyawera, Place de l’indépendance et la basserie, la situation est déplorable. Dans la commune de Kadutu, la route de Funu, n’en parlons meme pas. Devant le petit marché dit des chômeurs, c’est le calvaire pour les conducteurs des véhicules, jusqu’à ce que les passagers l’ont surnommé « Yesu-Yesu », c’est-à-dire l’endroit où les passagers crient au secours à Jésus-Christ, en craignant les tonneaux. Bukavu est aussi buté au problème des constructions anarchiques, sous l’œil coupable ou complice de l’autorité urbaine. Pourtant, à chaque coup de marteau même s’il ne s’agit pas de construire, un policier d’assainissement doit se présenter avec ou sans ordre de mission, avec la seule idée de recevoir un « massage », c’est-à-dire une corruption et repartir. Cette situation est aussi à la base de beaucoup des catastrophes qui occasionnent mort d’hommes, surtout en cette période de saison des pluies. Des morts sont enregistrés suite aux inondations et glissements de terres à chaque tombée de la pluie, et personne ne semble prendre des mesures qui s’imposent pour limiter les dégâts. La ville de Bukavu est sale. Pas de poubelle depuis des années, ce qui fait que les immondices et autres déchets ménagers sont jetés dans les rues et canalisations, au vu et au su de l’autorité urbaine. Les rues de Bukavu sont aussi inondées des marchés pirates car la ville est surpeuplée et les marchés existants  ne savent plus contenir tout le monde. Là aussi, aucun plan approprié pour gérer ce dossier et la mairie n’est jusque-là pas capable d’expliquer les milliers de dollars issus des différentes taxes perçues par ses services. Une mission de contrôle du gouvernorat du Sud-Kivu effectuée à la mairie de Bukavu de 24 au 28 février 2015 a révélé le détournement et la mauvaise gestion qui caractérise la mairie. Après ce constat, silence total de part et d’autre. L’insécurité bat aussi le record dans presque tous les quartiers de la ville. A Bukavu l’on dort, mais pas avec l’espoir de se réveiller demain matin sans être inquiété ou sans que des coups des balles ne soient tirés chez les voisins par des hommes en armes « non autrement identifiés ». Plusieurs quarteirs vivent dans le noir, pas d’éclairage public à Bukavu. Pourtant il ya deux ans, depuis que le maire Philémon Yogolelo avait annoncé dans les médias, l’installation des lampadaires à panneaux solaires le long des différentes routes et à certains ronds-points. Aujourd’hui, certains endroits n’ont toujours pas de lampadaires et il y en a parmi ceux qui ont été installés dans certains endroits qui sont tombés en pannes sans aucune réparation. Pourtant, la taxe sur l’éclairage public est incorporé dans la facture de la SNEL et tout consommateur est contraint de payer 1%  de sa facture. A tous ces dossiers s’ajoute le problème du manque ou de vente des parcelles dans les cimetières à Bukavu. Après la fermeture du cimetière de la brasserie car saturé depuis deux ans, le cimetière de la Ruzizi est le seul qui reste pour l’enterrement des morts, quoique sursaturé aussi. Pourtant, ce cimetière est menacé par les constructions anarchiques comme pas possible. Les morts sont déterrés et les tombes profanées au profit des maisons y érigées à longueur des journées. Philémon Yogolelo qui semble avoir opté pour un silence radio car il n’accepte presque plus de recevoir les journalistes pour interview, s’est exprimé exceptionnellement récemment sur une radio locale de Bukavu. Il a accusé certains officiers militaires d’etre à la base de la spoliation du cimetière de la Ruzizi et a indiqué avoir saisi l’auditorat militaire garnison de Bukavu pour cette cause. Pourtant, selon des sources qui ont requis l’anonymat, même des autorités civiles sont impliquées dans la vente des parcelles en cet endroit. Face à cette situation, plusieurs habitants de Bukavu préfèrent aller enterrer les leurs aux villages que de les enterrer dans ce cimetière tout en sachant que leurs os seront déterrés en moins d’une année. Raison pour laquelle plusieurs organisations de la société civile du Sud-Kivu sont entrain de monter au créneau pour dénoncer le manque de politique pour réparer et maintenir en bon état les différentes infrastructures du chef-lieu du Sud-Kivu et recommander qu’un audit externe soit organisé à la mairie pour éclairer la population sur la gestion de la Res Publica. D’autres vont plus loin en faisant circuler une pétition qui exige le départ du maire ; c’est le célèbre vocable « Yogolelo must go », traduisez « Yogolelo doit partir », se basant sur le principe « Qui peut en n’empêche, pèche ».
Ces organisations s’interrogent aussi sur le silence de Marcellin Cishambo, le gouverneur du Sud-Kivu, qui a su s’imposer dans le démolition de plusieurs maisons construites il y a longtemps dans les emprises des différentes routes en province. Qu’est-ce qui se cacherait derrière tout ce dossier ? Y a-t-il anguille sous roche ? Faut-il laisser la situation pourrir pour tenter de la sauver après ? Rappelons qu’il vaut mieux prévenir que guérir.

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